L'histoire et l'origine du mot mannequin
On pourrait croire, à tort, que le mot mannequin est issu du mannequinat et qu'il est donc relativement moderne. En fait on retrouve des traces de ce nom commun, aujourd'hui pris dans un certain nombre d'acceptions, dans quelques inventaires du XVIème siècle, où il désigne des statuettes. Mannequin est la forme française du mot flamand manneken, qui signifie "petit homme", comme le célèbre Manneken-Pis de Bruxelles. Les peintres, notamment au XVIIème siècle, ont quant à eux donné une autre signification au mot mannequin, puisqu'ils l'employaient pour désigner des statues de cire ou de bois ayant la particularité d'être articulées. Certains artistes excellaient dans la réalisation des ces mannequins qui dès le XVIIIème siècle deviennent à la fois plus réalistes et pour certains sophistiqués avec par exemple des mouvements en cuivre. Ces mannequins pour peintres étaient réalisés à Londres ou à Paris avec notamment Mr Ancieumme dont l'atelier se trouvait rue du Battoir-Saint-André. Les mannequins vont également être une source d'inspiration pour les écrivains, du simple fait que l'on puisse leur donner toutes les positions voulues. Ils serviront de parabole à quelques œuvres satiriques, faisant pour certaines du Roi de France le premier des mannequins.
Le mannequin était également, dans un sens aujourd'hui disparu, un sorte de panier haut et rond, en osier, sans couvercle et dont la base était plus étroite que le sommet. Ces paniers, pour les plus soignés étaient habillés de parures, ce qui les faisait sans doute ressembler à des personnes.
Enfin, on utilisait également le terme de mannequin, en architecture pour désigner la représentation de paniers ou de corbeilles de fruits ou de fleurs, pour décorer les façades, les balustrades et les portails.
Le mot mannequin a aussi été employé pour désigner les quintaines, personnages fictifs montés sur pivots qui servaient de cibles aux cavaliers s'exerçant au maniement de la lance.
Du mannequin au mannequinat
La mode a employé le mot mannequin, dès le moyen-âge, toujours emprunté au néerlandais menneken, qui rappelons-le signifie littéralement "petit homme", à l'occasion de simples présentations de vêtements, portés par justement des hommes, puisqu'il était à l'époque interdit aux femmes de paraître en public. Le mot mannequin est ainsi resté, désignant davantage la fonction que définissant la personne qui portait les vêtements.
Avant de designer les plus beaux "top-models", le terme mannequin a également connu une longue histoire dans l'univers de la mode. Originellement, notamment à l'époque de la Grèce antique, les personnes qui posaient pour les peintres ou les sculpteurs étaient appelés de "modèles". Ce n'est qu'au XVIIIème siècle, au moment où la mode devient "marchande", que le mot mannequin est affecté à des personnes vivantes, jusqu'e là plus simplement appelées "essayeuses". C'est avec l'avènement de la "haute couture", qui fait son apparition au milieu du XIXème siècle, sous le règne de l’impératrice Eugénie et sous l'impulsion de Charles Frederick Worth, que le terme de mannequin est consacré. Marie Vernet, son essayeuse devient ainsi pour les besoins de promotions de ses créations son mannequin, la première femme mannequin professionnelle, qui deviendra également sa femme. Elle formera d'autres ouvrières et essayeuses à la présentation et ses défilés, deviendront prisés en prenant la forme de véritables spectacle, faisant de Paris la ville pionnière de la Haute Couture.
Toutefois, les mannequins vivant de l'exhibition de leur corps, ce métier n'est pas facilement accepté, il est parfois même comparé à une forme de prostitution, ce qui pour le moins de ne donne pas envie aux jeunes femmes de l'époque de devenir des mannequins. Au début du XXème siècle, les critères formant les fondements du mannequinat sont toutefois posés avec pour l'essentiel de jeunes femmes aux corps sveltes et se déplaçant de façon calme pour que l'on puisse admirer les créations qu'elles portent.
La fonction du mannequin se professionnalise et on leur demande désormais de donner vie aux ensembles qu'elles présentent, à la façon d'actrices en quelque sortes. Gabrielle Chanel saura ainsi s'entourer des femmes "idéalisées" pour mettre en valeur ses créations. Les filles comment alors à être "importées" d'autres pays et notamment des Etats-Unis, la mode change d'univers et devient le principal élément dictant les nouveaux codes et canons de la beauté féminine. Les nouveaux supports que sont les magazines de modes et le métier de photographe de mode viennent également de naître.
Les mannequins de couture et mannequins de présentation
La naissance des "Grands Magasins" a précipité la présence des mannequins de présentation dans les vitrines. Leur forme au départ rudimentaire deviendra avec le temps de plus en plus sophistiquée. Lorsque la mode est aux jupes longues, les mannequins n'ont ni tête, ni jambes. Ensuite ils se plient aux nouvelles contraintes et se voient dotés d'attributs de plus en plus réalistes. Certains artistes prennent à contrepied ce mouvement et créent des modèles de mannequins aux formes abstraites et modernes, le mannequin n'est plus seulement un support il devient une œuvre d'art à part entière. Inspirés de la nature ou de la culture, leur production sera par la suite industrialisée et leur diffusion largement démocratisée.
La période Art Déco a abondamment participé à la diffusion des mannequins de couture et de présentation. La plupart des grandes demeures en disposaient et ces objets étaient autant présents pour leur valeur utilitaire que décorative. De nos jours, l'esprit déco vintage étant très apprécié, on voit ainsi prendre place dans nos demeures contemporaines des modèles aux coloris, formes et habillages inspirés des mannequins de couture d'autrefois.